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Qu'est-ce qu'un shareware ou partagiciel ?


Le freeware, ancêtre du shareware

Alors qu'un an auparavant IBM venait de sortir son PC, deux programmeurs, Andrew Fluegelman et Jim Knopf viennent d'écrire en 1982 deux applications majeures: PC-Talk (un logiciel de communication) et PC-File (un gestionnaire de base de données). Cependant ceux-ci ne souhaitent pas investir tout leur temps et leur argent pour voir leurs créations distribuées en magasins. Ils décident alors de tirer parti des réseaux de distribution parallèles (principalement les groupes d'utilisateurs et les BBS qui sont alors très populaires) et permettent donc de voir leurs programmes copiés à la condition expresse que l'utilisateur envoie de l'argent à l'auteur afin que ce dernier continue son développement.

Fluegelman baptisa cela Freeware et déposa ce nom, ainsi personne ne pourrait distribuer un logiciel en tant que freeware sans son autorisation. De même qu'avec les logiciels du domaine public distribués dans les années 1970, Fluegelman distribua aussi le code source de son programme et perdit ainsi rapidement le contrôle de son développement lorsque d'autres programmeurs distribuèrent des versions "améliorées" de PC-Talk.

Knopf de son côté supporta ardemment PC-File et réussit à créer autour de son logiciel une entreprise de plusieurs millions de dollars de chiffre d'affaires.

Même si d'autres logiciels apparurent et eurent leur succès (tel que le fameux LIST de Vernon Buerg), ces 2 applications majeures établirent la crédibilité du Freeware comme source de logiciels supportés et de qualité.

Le premier shareware

En 1983 un autre programmeur, Bob Wallace, réalisa PC-Write, un traitement de texte qui allait vite devenir une des applications phare du PC.

Alors que le nom Freeware était déposé et ne pouvait donc être utilisé légalement et que le nom alternatif User Supported Software était bien trop compliqué, Wallace décida d'employer le terme Shareware pour son logiciel.

Shareware permit d'enlever la confusion existante chez les utilisateurs entre le Freeware et le domaine public (où il n'y a pas de droits d'auteurs sur le logiciel) et d'indiquer clairement que les logiciels ainsi distribués n'étaient pas gratuits.

Dans les premiers temps les sharewares furent distribués principalement par les BBS, limitant ainsi le public touché. Pour atteindre les personnes n'ayant pas accès à ces réseaux Nelson Ford, alors journaliste pour un magazine informatique américain, décide de créer PSL (The Public Software Library) et distribue les sharewares sur disquettes. Par la même occasion le premier magazine sur les sharewares est créé: PSL News.

Le marché du shareware grandit

Afin de défendre au mieux les intérêts des divers acteurs du shareware, l' ASP ( Association of Shareware Professionals) fut créée en 1985 par Nelson Ford, les principaux développeurs (Bob Wallace, Tom Smith, Jim Knopf...) et les principaux vendeurs (PC-SIG et Public Brand) et sysops de BBS. Le premier président fut le créateur même du shareware: Jim Knopf.

L'ASP a joué un grand rôle dans l'évolution du shareware en assurant sa pérennité par la mise en place de règles morales à respecter par les différents acteurs (respect de l'utilisateur, non-limitation du logiciel, respect des auteurs...).

Évolutions récentes du shareware

Alors que durant les années 1980 les principaux sharewares étaient des applications bureautiques telles que PC-Write, la décennie 1990 a vu le succès des jeux et des utilitaires.

Aujourd'hui, la démocratisation de l'Internet a permis d'une part aux auteurs et aux distributeurs de mieux se faire connaître du grand public, et d'autre part la création d'associations promouvant le shareware.

Le principe du shareware en quelques points

- un auteur crée un logiciel et met à la disposition des utilisateurs une version d'évaluation (via internet, les distributeurs de sharewares, les CDs, les magazines etc...).

- tout utilisateur peut alors essayer le logiciel pour le tester et savoir s'il correspond à ses besoins.

- si l'utilisateur adopte le logiciel et l'utilise couramment, il doit s'enregistrer auprès de l'auteur dudit logiciel moyennant une somme indiquée dans la documentation. Si la période d'évaluation n'est pas limitée, l'utilisateur reste dans l'obligation morale de s'acquitter de la licence dès lors qu'il fait un usage régulier du logiciel.

- une fois possesseur d'une version enregistrée, l'utilisateur peut continuer à utiliser en toute légalité le logiciel.

L'évaluation

- il n'y a rien à payer pour obtenir la version d'évaluation (sauf éventuellement le support, CD-ROM par exemple, dont le prix ne devrait pas dépasser 5 €.).

- il n'y a pas d'obligation d'achat, ni de relances répétées, ni de rappels agressifs.

- le logiciel ne recueille aucune information à l'insu de l'utilisateur ni sur lui-même ni sur son système.

- si l'utilisateur décide de ne pas utiliser le logiciel, il lui suffit (et il a l'obligation) de le désinstaller: il retrouvera son système tel qu'il était avant l'installation.

- comme il ne s'agit pas d'une version destinée à un usage courant et régulier, l'auteur y inclura généralement un écran, un lien ou une page d'aide indiquant comment s'enregistrer. Il peut aussi y inclure un ou deux écrans de rappel, une limite au nombre d'objets qui peuvent être traités, une mention "évaluation" sur les documents imprimés, etc. Un jeu pourra ne comporter qu'un ou deux niveaux. Parfois la durée de l'évaluation est limitée, généralement à 30 jours (cependant certains auteurs préfèrent parler alors de "démoware").

Les avantages pour l'utilisateur

- il peut tester le logiciel avant de l'acheter, il a donc toutes les chances d'être satisfait de son achat.

- il bénéficie de prix généralement inférieurs à ceux pratiqués pour les logiciels commerciaux.

- il peut communiquer facilement avec l'auteur pour un support technique efficace.

Les avantages pour l'auteur

- il reçoit directement les avis des utilisateurs et peut donc être très réactif à leurs demandes.

- cette forme de distribution de logiciel est très libre. Elle permet aux jeunes auteurs de se lancer dans la création de logiciel à moindre frais. Une fois leur reconnaissance acquise et leur activité économique fiable, ils peuvent enfin créer leur entreprise.

- le succès d'un shareware assure une reconnaissance de l'auteur par les utilisateurs et les plus grands éditeurs de logiciel et des perspectives d'avenir que peu d'autres chemins auraient pu lui offrir.